Elle l'avait approché à de nombreuses reprises. Lorsque son sang coulait, et qu'il avait vidé son ennemi du sien, il pansait ses blessures, prenait du repos et elle s'éloignait de nouveau jusqu'à la prochaine bataille.
Comment la mort aurait elle pu le prendre sans l'aide de la lame d'un traitre? Jamais le barbare ne s'était posé la question.
Mourir en baignant dans son sang, était la seule fin qu'il avait envisagé. Jusqu'à cette soirée d'été.
Et ce soir là, elle était passée tout près.
...
On dit que la suffocation provoque des hallucinations.
Il s'était vu vieillard labourant une terre, il s'était vu ensuite au milieu de forêts, de rivières, au sommet d'une montagne. Il avait, en quelques secondes, découvert plus de paysages que durant ses 20 années, et le monde dans lequel il avait évolué quelques instants était un havre de paix et de sérénité.
La chute avait ensuite été lourde, il était resté allongé quelques instants, cherchant à reprendre ses esprits et comprendre ce qu'il venait de se passer. Il était impossible que le noeud ait lâché. Et en effet...examinant le noeud celui avait été sectionné. Il scruta les alentours, sans succès, mais fut rapidement rattrapé par la honte et la hantise d'être surpris par quelqu'un.
Il se souvint que Iopi l'avait accompagné mais il n'était pas là. Il n'avait certainement pas eu le courage d'assister à la fin du jeune barbare. Il ne pouvait pas s'attarder, deux possibilités, deux avenirs pour un destin.
A quelques centaines de mètres derrière lui, Brossem, la cité découverte après l'innondation. Face à lui, la grotte inexplorée, et une forêt épaisse menant, l'esperait-il, à des terres inconnues.
Les privations, la vie difficile des Ascètes, la dague offerte par Damis qu'il avait gardée à la cheville, ses quelques loques, sa relative combativité et ses souvenirs.
Voilà quelles allaient être ses armes désormais.
Du paria à la survie, il n'y avait qu'un pas que Valesk avait décidé de faire.
Fuir ou vivre dans la honte d'un suicide raté, d'une mort de paysan souhaitée.
Le choix avait été simple. Mais était-ce vraiment le bon?